• CHASSE AU BONHEUR EN ITALIE AVEC STENDHAL

     

    Il me faudrait une page pour entrer dans le commentaire de la peinture. Je ne l’ai pas. Un mot tout de même sur les peintres français. Il y a les grands, très attendus, et à profusion : Hubert Robert, Corot et Ingres. Il y a aussi, en seconde ligne, Granet et Fabre, tirés des musées d’Aix et de Montpellier, auxquels ils ont donné leur nom, selon l'ouvrage de Philippe Dagen Le silence des peintres. Il y a enfin les presque inconnus, avec de véritables révélations : pour n’en citer qu’un, Auguste Franquelin avec La Réponse à la lettre, 1827, au Louvre.

       Il faut ajouter que les Promenades dans Rome invitaient à faire place aux peintres chéris de Stendhal, dont les œuvres le faisaient défaillir dans les églises (à Santa Croce par exemple, devant les Sibylles du Volterrano : « Absorbé dans la contemplation de la beauté sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur ; la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber ») — son musée retrouvé. Ils sont là : Michel Ange, Giorgione, Corrège, Guido Reni, Dominiquin et surtout Raphaël. Belle occasion pour l’éditeur d’oser des rapprochements qui auraient transporté Stendhal, comme de mettre en regard La Fornarina de Raphaël et la toile d’Ingres peignant Raphaël peignant la Fornarina : il s’est interrompu pour la serrer dans ses bras, son crayon renversé pour ne pas gâter sa robe.

     

                                   Ces deux livres jumelés sous un somptueux coffret et qui s’ouvrent par une préface où le beylisme de notre ami Philippe Berthier brille de tous ses feux, c’est la rencontre d’un musée, qui n’est pas imaginaire, puisqu’il habite ces pages, mais idéal, avec deux textes qui, malgré leurs limites, concourent au mythe solaire d’une Italie patrie de l’art et de l’amour — le bonheur selon Stendhal.

     

    Diane de Selliers, 712 p., en deux volumes sous coffret, 361 ill., 275 € jusqu’au 31 janvier 2003, 330 € ensuite.